Rappelé à la tête de l’équipe de France féminine de handball aux côtés du médiatique Olivier Krumboltz, le palois Eric Baradat est rentré de Rio cet été avec une magnifique médaille d’argent. Une belle parenthèse pour cet homme de l’ombre qui a retrouvé, après cette belle aventure, ses fonctions de sélectionneur des U20 féminines et de directeur du pôle espoirs de Talence.
Sportsland : Votre histoire avec l’équipe de France A, c’est un peu « je t’aime, moi non plus » ?
Eric Baradat : C’est un peu exagéré de dire ça. Cette histoire a débuté en 2002. Je m’occupais déjà du pôle espoirs de Talence. Un jour, le sélectionneur national Olivier Krumboltz m’annonce sa venue. Je me suis dit qu’il venait juste voir comment je bossais. Mais le soir, à table, il me propose de devenir son adjoint. J’ai failli tomber de ma chaise ! C’est vrai qu’à cette époque j’étais un peu pionnier dans l’utilisation de la vidéo pour analyser les matches. J’avais aussi la réputation de quelqu’un qui sait mettre en place des stratégies pour faire déjouer les adversaires. J’ai rapidement accepté sa proposition. Dans la foulée, on a décroché la médaille de bronze aux championnats d’Europe et surtout le titre mondial en 2003 à Zagreb. Un match au scénario incroyable. Alors que nous sommes menés de 7 buts à 7 minutes de la fin, nous arrachons les prolongations pour finir par nous imposer 32 à 29. Derrière ce titre fabuleux, nous nous sommes mis en quête d’une médaille olympique. Trois échecs successifs en 2004, 2008 et 2012 ont scellé le sort du duo que nous composions avec Olivier. En Juin 2013, à l’issue d’un match retour enlevé haut la main contre la Croatie en phase qualificative du mondial, Joël Delplanque, Président de la Fédération Française de Handball et le Directeur Technique National Philippe Bana sont venus nous signifier la rupture de notre contrat.
SL : Ce sont les mêmes qui sont revenus vous chercher deux ans plus tard ?
E.B. : Le sport de haut niveau, ce n’est pas le monde des bisounours. Il n’y a pas de place pour les états d’âme. Il y avait une cassure entre une partie des joueuses et le nouveau staff. La qualification pour les Jeux Olympiques de Rio était très compromise. La Fédération a pris la décision de faire de nouveau appel à nous car elle savait que nous avions une véritable expérience olympique et qu’Olivier Krumboltz saurait trouver les mots justes pour remotiver les filles.
SL : La médaille d’argent à Rio, une aventure extraordinaire ?
E.B. : Absolument. On a vécu une olympiade vraiment fantastique avec en point d’orgue un quart de finale époustouflant contre l’Espagne. À 12-5 pour les Espagnoles à la mi-temps, il n’y a pas eu d’affolement. Encore une fois, il y a eu des mots justes dans les vestiaires. Olivier, sans jamais hausser le ton, a fait comprendre aux filles qu’elles étaient meilleures que leurs adversaires et qu’il n’y avait pas de raison qu’elles ne parviennent pas à renverser la vapeur. Alexandra Lacrabère, qui connaissait parfaitement la plupart des joueuses espagnoles pour avoir évolué dans leur championnat a confirmé les propos du coach. Après, la référence à la remontée fantastique de Zagreb en 2003, c’est un peu du fantasme de journalistes. Olivier l’a en effet évoqué mais juste avec Alexandra Lacrabère et Alison Pineau dans le couloir qui nous ramenait sur le terrain. Quant à la finale, passée la déception de l’avoir perdue, il reste quand même au final cette très belle médaille d’argent.
SL : Vous avez pourtant décidé de raccrocher dès le retour du Brésil ?
E.B. : Si Olivier Krumboltz se projetait sur l’après Rio, moi ma décision était prise dès le départ. J’avais plusieurs engagements que je ne voulais pas abandonner : le poste de sélectionneur de l’équipe de France féminine des moins de 20 ans, la filière des jeunes joueuses, véritable usine de fabrication des athlètes de demain, la poursuite de la structuration de la Ligue Féminine de Handball… Bref, il y a du pain sur la planche. Alors, oui, la parenthèse brésilienne a été belle, mais aujourd’hui, elle est refermée, et c’est une autre aventure qui m’attend, aussi passionnante et aussi palpitante.