Fin prêts pour leur période « Charnière ».
Même si les instances fédérales mettent en place des mesures spécifiques pour favoriser l’émergence des joueurs Issus de la Formation Française (JIFF), il reste très difficile pour un jeune rugbyman de franchir la marche du professionnalisme. Du côté de l’U.S.Dax, club réputé pour s’appuyer sur sa formation, deux jeunes garçons frappent au portillon de l’équipe fanion. Simon Garrouteigt et Gaëtan Robert, respectivement demi de mêlée et demi d’ouverture, sont tous deux pensionnaires du centre de formation ; forts de quelques précieuses apparitions en PRO D2, ces deux purs produits de la formation locale se retrouvent associés, une fois n’est pas coutume, dans un défi qui leur ressemble, celui du moment « charnière » de leur carrière.
Ils représentent la jeunesse montante du club. Simon a commencé le rugby à 8 ans à Dax et n’a jamais rien porté d’autre que du rouge. Gaëtan vient du Rugby Castets Lnxe ; il est arrivé à Dax à 16 ans et représente ainsi la force du partenariat construit avec les autres clubs du territoire. Quand ces gamins du cru arrivent en haut de l’échelle, ils prennent alors une valeur de symbole auxquels on a tous envie de croire, eux les premiers. Nous sommes en Avril 2017, l’U.S.D joue un derby de fin de saison bouillant contre le Stade Montois, avec pour enjeu le maintien en pro D2. Ce soir là les rouges l’emportent 17 à 13, grâce en partie à un « gamin » de 19 ans: Gaëtan Robert, pensionnaire du centre de formation, auteur ce soir-là d’une grande prestation (12 pts). Le genre de scénario dont on se délecte encore, et qui vient valoriser tout le travail et la conviction profonde d’un club qui s’appuie sur la qualité de sa formation, pour atteindre ses objectifs. L’anecdote est sympa, mais tous ceux qui ont pu s’en gargariser n’en étaient pourtant pas les plus convaincus ; car il faut se le dire, faire confiance aux jeunes du cru est devenu trop rare dans le rugby professionnel. Le club de Dax est néanmoins réputé pour contrecarrer cette vilaine habitude qui n’a vocation qu’à « casser les reins » du plan de succession des jeunes talents français. Les mauvaises langues disent que c’est par la force des choses, faute d’effectif ou par concours de circonstances. Toujours est-il qu’il faut oser les mettre sur le terrain ces minots, et qu’il faut assumer de jouer le jeu de leur formation de futur joueur pro, jusqu’au bout. Et les chiffres sont là pour le rappeler puisque les nombreuses apparitions de ces espoirs sur les feuilles de match, au cours des dernières années, sont l’un des facteurs du très bon classement du centre de formation du club. Pour autant, une apparition ne garantie en rien une carrière bien lancée, car c’est un combat de tous les instants pour ces jeunes dont la part d’ombre cache souvent une situation délicate, pleine de questions et de tiraillements.
Entre deux chaises
Le cas de Gaëtan et Simon est aujourd’hui très représentatif de ce type de situation. Tous deux crédités de quelques feuilles de match, ils sont par conséquent intégrés au groupe pro avec lequel ils sont amenés à évoluer alors qu’ils n’en font pas vraiment partie. Pas facile de se positionner dans ce contexte, surtout quand on a 20 ans. C’est cependant par là que passera leur Graal, car dans les mois qui viennent. Ils devront essayer de décrocher un contrat pour lancer leur carrière de joueur professionnel. Le problème est que c’est dur. Dur de franchir le cap, dur de gagner la confiance, et dur de faire ses preuves, surtout avec seulement quelques « bouts de match » pour s’exprimer. Mais c’est le lot des joueurs passant par les centres de formation : ils sont préparés à ce genre de challenge. Comme l’explique Simon, « on bosse toute l’année pour être prêt au moment où il le faudra » et nul doute que si on leur a déjà confié le maillot, c’est que leur travail de formation a déjà commencé à payer.
L’atout CDF
Il faut cependant être solide et Gaëtan précise « qu’il faut surtout bien garder son objectif en tête », car on peut avoir vite fait d’être tourmenté, faute d’une éternelle question qui rôde : « et si ça ne marche pas ? » Pas de quoi effrayer nos jeunes dacquois, car ils sont bien encadrés. En effet, Simon nous rappelle que « le centre de formation les prépare professionnellement en les accompagnant dans la menée de leurs études (les deux garçons sont étudiants en STAPS), mais aussi en les construisant en tant qu’hommes ». Ils sont donc prêts, et ils se sentent capables de saisir leur chance, car c’est dans la continuité d’un cursus très bien ficelé et maîtrisé du côté de Dax. Ces joueurs progressent palier par palier, à travers le plan de formation du joueur interne au club. Ils sont ensuite façonnés et préparés à jouer au plus haut niveau, en intégrant progressivement les entraînements de l’équipe professionnelle, chose qui ne se fait pas partout. On aura donc beau parler des résultats du club, une chose est sûre, ici tout est mis en œuvre pour « propulser du JIFF » dans le grand bain ; reste à charge aux coachs et aux dirigeants d’aller jusqu’au bout de la démarche, en faisant confiance à ces jeunes joueurs. On espère donc que ces deux-là seront d’un prochain convoi de « garçons sortis du cru », à l’instar d’un Pierre Justes ou d’un Olivier Klemenczak, et qu’on leur permettra ainsi de continuer petit à petit leur apprentissage en pro. Peut-être qu’un jour ils pourront faire éclater leur potentiel et ainsi rendre la prestation en nature au club qui les a formés et aux personnes qui ont eu le mérite de les lancer. Car à terme, ces garçons seront des valeurs sûres, notamment sur des ressources rares qui manquent beaucoup aux équipes : des qualités mentales et cognitives de joueurs intelligents, fiables et à l’état d’esprit irréprochable. Alors qu’on se le dise, et que ceux qui adhèrent à cette théorie se mobilisent, car ces jeunes, eux, ils sont fin prêts !